Les premiers puritain(e)s étaient les membres d'une mouvance du calvinisme qui souhaitait "purifier" l'Angleterre du catholicisme... Aujourd'hui, on dit de quelqu'un qu'il(elle) est "puritain(e)" quand il(elle) refuse le plaisir, le considère comme sale, bref qu'il(elle) est pudique jusqu'à l'excessif, un(e) trouble-fête!
Bien que les puritain(e)s n'aient jamais vraiment été aussi ennuyeux(ses) que ça: ils(elles) ne s'habillaient pas de noir, et allaient même parfois jusqu'à punir la chasteté dans le mariage! C'est dire...
Les puritain(e)s d'aujourd'hui, par contre... tels ces membres d'une secte qui passaient leur vie à lire et relire les textes sacrés et ne plus penser que par eux, ayant une vie rigide, dictée par ces mêmes textes (et beaucoup des membres de cette secte ont d'ailleurs émigré jusqu'aux Etats-Unis)... tels ces fous furieux à l'esprit aussi rigide que ma trique au contact de la bouche d'une femme affairée à avaler mon appendice masculin jusqu'au fond de sa gorge, les puritain(e)s d'aujourd'hui veulent nous dicter notre façon d'être sans même se baser sur le moindre texte, sur la moindre histoire, si ce n'est celle de l'individualisme, tout en brandissant des mots comme "liberté" ou "tolérance".
De façon presque automatique, vous penserez Facebook et sa censure du téton. Et vous avez bien raison. Facebook, et les Gafam de façon générale, utilisent ce puritanisme afin de s'offrir une image "clean" devant ses utilisateurs(trices) et les gouvernements qu'ils enculent jour après jour, en leur demandant de les remercier.
On mélange tout, on fait des raccourcis abominables, pour avoir l'air "clean". Et là où les Gafam ont sûrement gagné, c'est que chacun(e) de nous a emboîté leur pas. Dès qu'il y a un sujet de société (le moindre fait divers devenant aujourd'hui un sujet de société... jusqu'au prochain, quelques heures plus tard), les réseaux sociaux se remplissent de "JE SUIS"... Comprenez "je suis d'accord, il ne faut pas être méchant" (ou "messant", pour en paraphraser d'autres). Dans peu de temps, ils réussiront à nous faire dire "JE SUIS GAFAM", pour afficher notre soutien aux grosses multinationales qui menaceront de rendre Facebook "un petit peu payant", parce que les gouvernements demandent leur part du gâteau.
Parce que toute la question est là: le(la) puritain(e) d'aujourd'hui est un(e) ultra-individualiste. On le(la) voit s'élever contre un téton sur Facebook, qui le(la) met mal à l'aise dans sa propre personne, mais tout ce qui se passe loin de ses yeux est beaucoup moins grave. Il(Elle) ne supporte pas qu'on manque de respect à la femme en montrant son corps dans l'espace public (genre réseau social); il(elle) ne supporte pas qu'on ait le moindre geste envers elle sans son consentement "explicite"; mais en même temps, il(elle) ne supporte pas la censure du téton et adore les "lieux de perdition" ou est volontiers nudiste; il(elle) ne mange pas de viande parce que faire souffrir un animal c'est moralement inconcevable puisque l'animal est l'égal de l'homme; il(elle) ne supporte pas qu'on puisse penser qu'il existe des races, des différences entre les gens ou entre les genres... Le(La) puritain(e) d'aujourd'hui ne fait pas "partie d'une secte"... il(elle) EST sa propre secte. Tous ses combats vont être louables aux yeux de la société dans laquelle il(elle) évolue, parce qu'il(elle) met en avant l'égalité, le respect, le consentement.
Mais le(la) puritain(e) d'aujourd'hui est un(e) froussard(e), tout simplement. Il(Elle) ne respecte pas plus la femme qu'avant, il(elle) a simplement peur de passer pour un porc (à quand le #dénoncetatruie?); il(elle) n'a pas plus d'empathie qu'avant pour la vache (qui, vu comment on les fait vivre aujourd'hui, ne sera bientôt plus qu'un concept pour beaucoup de gens!), mais il(elle) a peur de passer pour un assassin; il(elle) ne respecte pas plus qu'avant celui(celle) qui est différent(e), il(elle) a peur d'être un(e) réac'. Et c'est pour ça qu'il(elle) va s'afficher comme étant "super clean".
On va me taxer de plein de choses, mais je tiens mordicus: veganisme et #balancetonporc ont les mêmes répercussions, parce qu'ils partent du même principe. Puisqu'on n'a pas le consentement explicite de l'animal pour être mangé alors on ne le mange pas/Puisqu'on n'a pas le consentement explicite de la femme pour poser notre main sur son épaule, alors on la garde dans sa poche. Et on se paluche, le soir, plein de honte, en imaginant avoir osé le faire... Sacraliser le corps, ce n'est pas le protéger, c'est en faire une chose sacrée, avec tout ce que ça implique (comme le cacher sous une burqa, par exemple... ou de considérer que seuls ceux et celles qui ont un corps parfait peuvent se permettre de le montrer... à l'occasion).
Montrer la nudité, c'est montrer les différences. La différence est ce qui nourrit l'humain(e) intellectuellement. Même en criant au "respect" en disant qu'il faut le consentement explicite d'une femme pour la toucher (et je parle pas d'un doigt dans le cul, hein), on tue la différence, on tue la nuance: tous les hommes deviennent des prédateurs sexuels potentiels donc il faut s'en protéger en instaurant des règles rigides, et toutes les femmes sont des victimes potentielles (mais on oublie facilement que si ce sont plus souvent les hommes qui "font" les actes sexuels dans les pires histoires glauques de la pédophilie, ce sont les femmes qui laissent faire... et même empochent le pognon, quand il y a prostitution en plus... La femme peut aussi bien être prédatrice que l'homme, ne l'oublions pas). Une main posée sur l'épaule, dans le dos, c'est comme le tutoiement: ça dépend de la circonstance. Au travail, on demande avant de tutoyer, donc il est normal de demander avant de toucher; en boite de nuit, c'est beaucoup plus souple, même entre collègues (et je ne suis pas en train de dire que si vous allez en boîte de nuit avec des collègues, il faut s'attendre à devoir accepter le tutoiement ou les mains au cul sans rien dire... mais l'ambiance n'étant pas la même, les comportements eux-mêmes seront différents).
Le veganisme, même lui, joue sur ces "bons sentiments" pour lisser la société à sa simplicité la plus pure. Nous sommes tous égaux, même les animaux, puisque nous sommes tous des animaux humains ou non-humains. Et pourtant, en disant ça, on enlève de grosses aspérités au genre humain, justement. Parce qu'on nie la culture, on la refuse sous prétexte qu'on considère l'animal comme l'égal de l'homme et que cette culture est basée sur l'avilissement de l'animal. Mais la culture, c'est justement ce qui nous différencie des "bêtes" (pour faire une distinction entre "animal" [au niveau biologique] et "bête" [à un niveau plus spirituel, dans le sens sauvage]). On peut débattre autant qu'on veut sur le sujet de la culture, on ne me fera pas croire que quand un éléphant incline la tête quand il passe près d'un cimetière, c'est une forme de culture. Le veganisme devrait s'arrêter à ce qu'il est: une façon de se nourrir et de consommer sans faire souffrir les animaux non-humains (puisque par contre, il paraît impossible à l'humain de vivre sans faire souffrir d'autres humains, une fois qu'il a fini de s'occuper de ses besoins vitaux comme manger, boire et dormir... tout ça à cause de la société pourrie qui nous oblige à avoir des portables, sans lesquels on meurt, c'est bien connu). Cela relève donc du choix de chacun. Comme chaque choix, on peut en discuter du bien-fondé, on peut considérer que notre choix est le meilleur, mais ça n'est qu'un choix qui doit être respecté par les autres. Et le remettre en question ne veut pas dire être absolument contre.
Ne soyons pas tactiles, à moins qu'on vous le demande expressément, ne mangeons que ce qui ne semble pas souffrir, respectons tous les animaux... Et bientôt, pour être certains que plus personne ne sera raciste, on apprendra tous l'esperanto à l'école, on oubliera tout ce qui fait la richesse de la culture humaine parce que ça implique l'incompréhension et le rejet, et ce faisant, alors qu'on respectera tout le monde, que nous serons tous égaux, et que nous serons tous consentants pour être comme ça... Il ne restera plus rien de l'humanité... Et nous serons des animaux, libres de vivre l'identité sexuelle que l'on désire. L'individu aura pris le pas sur le social et on ne sera plus dérangé par ce qui n'est pas comme nous, parce que nous ne le verrons pas, tellement centrés que nous serons sur notre propre recherche du plaisir égocentré (même si on le trouve à 2, ou à 10). Le "polyamour" peut en être une expression. On ne parle pas de polygamie, non. Parce que même dans la polygamie, il y a sous-entendu le contrat du mariage, d'engagement envers une ou plusieurs personnes. Or, on ne veut plus s'engager, on veut zapper, ne pas voir ce qui nous dérange en se regardant le nombril. Le jour où tu ne m'apportes plus tout ce que tu m'apportais au début de notre relation, je te proposerai de pratiquer le polyamour, pour que nous restions ensemble sans que je sois frustré(e). Tout ça avec un masque égalitaire et respectueux: et tu pourras faire pareil, bien sûr, parce que je sais que je ne te comble pas à tous points de vue.
Mais quand est-ce qu'on vous a dit qu'il fallait à tout prix être comblé(e) à tous points de vue pour être heureux(se)???
Ne pas toucher autrui s'il ne vous l'a pas demandé, ne pas faire souffrir les animaux non-humains que ce soit en le tuant ou en le faisant travailler, multiplier les conquêtes sexuelles à côté de votre régulier(e)... Tout ça n'est pas un signe de votre ouverture d'esprit, mais une expression de l'individualisme puritain ambiant: le rebelle EST individualiste, s'il vit sa vie de rebelle à côté du groupe, s'il ne tente pas de changer les individus qui l'entourent et s'il ne considère comme son égal que les autres individus qui pensent comme lui. Le militant l'est beaucoup moins dans le sens où il va englober l'Autre dans son combat. Parfois comme un ennemi à "abattre", mais plus souvent comme un futur "ami", une fois qu'il lui aura fait changer d'avis.
La confrontation n'est pas un manque de respect. Mettre une tarte à quelqu'un parce qu'il est allé trop loin, ça peut aussi être le respecter. Exactement de la même manière que c'est parce qu'on aime nos enfants qu'on leur met des limites et qu'on leur apprend qu'il y a des choses, des gestes qui ne se font pas. Et que les laisser tout faire, ce n'est pas de la liberté, mais de la maltraitance. L'humain n'est pas "bon" naturellement, il peut apprendre à le devenir. Essayez donc de demander à un enfant à qui on a toujours laissé tout faire de comprendre qu'il doit prêter son jouet s'il veut avoir le droit de regarder la télévision en rentrant à la maison... ça va pas être joli-joli à voir!
J'entends déjà les voix se lever: "mais qu'est-ce qu'il a, lui? Il ne respecte rien ni personne! Je n'ai pas le droit de vivre comme je veux? Moi, je fais pas chier les autres!" Sans vouloir me répéter, ceci est purement de l'individualisme sous couvert de respect et d'égalité, le "néo-puritanisme". C'est justement en laissant les autres faire "comme ils veulent"... que les gens font comme ils veulent. C'est justement cette dictature du "je ne juge pas, donc je laisse faire" qui amène des hommes à croire que claquer les fesses d'une femme, c'est aussi banal que de le faire à un pote du même sexe. C'est cette façon de voir la vie en société qui amène un Président à faire tout ce qu'il veut, du haut de son Elysée, sans être emmerdé par qui que ce soit... mais que des millions de personnes se rendent dans la rue quand le pays gagne la coupe du monde de football, parce que ça a gonflé leur ego. Aucun patriotisme là-dedans: le lendemain, ils(elles) sont tous passé(e)s à autre chose et recommencent à se foutre sur la gueule si l'un(e) tente de grignoter un tant soit peu les libertés de l'autre.
La majorité de nos concitoyens vit sa vie en ne regardant que ce qu'ils font, et en montrant aux autres qui font comme eux(elles) à quel point ils(elles) sont ouvert(e)s d'esprit... mais tellement peu le sont réellement. Parce que "être ouvert(e) d'esprit", ce n'est pas vivre sa vie en se foutant royalement de ce que font les autres, sans être dérangé(e) tant qu'ils(elles) ne nous cherchent pas des poux dans les cheveux (à moins d'un consentement explicite!)... Être ouvert(e) d'esprit, c'est accepter la différence, accepter la contradiction (à commencer par les siennes propres), et réussir à ne pas catégoriser les gens dès le premier abord (il(elle) a posé sa main dans mon dos, c'est un porc(une truie); il(elle) mange de la viande donc c'est un assassin(ça se dit, "une assassine"?); il(elle) est arabe donc ne mange pas de porc(truie); il(elle) est juif(ve) donc riche colon(ne?); il se branle donc est frustré sexuellement (pour les femmes, c'est coooool de se branler); il(elle) paye un(e) prostitué(e) donc soutient la traite des hommes(femmes); j'en passe et des meilleures): je n'ai jamais de cesse de le répéter, mais catégoriser systématiquement les gens, c'est le premier pas vers le racisme. Et avant qu'on ne pose la question, toute catégorie peut être considérée comme une "race". Donc le racisme envers les gens qui aiment péter au lit peut exister, à partir du moment où on se définit comme "n'étant pas comme eux".
Être ouvert(e) d'esprit, donc, ce n'est pas "tout accepter", c'est simplement essayer de comprendre pourquoi les autres pensent autrement et en nourrir sa propre pensée (contre la pensée de l'autre, ou en accord avec elle). Parce qu'à mon sens, lorsque j'entends ou lis des discours du type: "c'est un connard dont le comportement machiste de cette société patriarcale est tellement ancré en lui qu'il ne se rend même pas compte de ce qu'il fait", je crie au scandale. Nous sommes tous influencé(e)s par la société dans laquelle nous vivons: reprocher à quelqu'un d'être comme ci ou comme ça à cause de la société et de n'avoir pas ouvert les yeux de lui-même, c'est faire preuve d'une étroitesse d'esprit assez développée, d'une cécité profonde sur soi-même, et d'un narcissisme tout aussi profond. Un ermite peut ne pas être influencé par la société. Et encore... c'est même pas dit, vu que c'est souvent à cause de la société qu'il devient ermite. Croire que parce qu'on demande l'autorisation de poser la main sur le dos de quelqu'un, parce qu'on ne mange pas de viande, ou parce qu'on vit dans le "polyamour", on est plus ouvert(e) d'esprit qu'un(e) autre, on est une sorte d'illuminé(e) qui a tout compris à la vie, c'est à peu près l'équivalent de se mettre un doigt dans le cul en étant persuadé(e) qu'en le ressortant il sentira la rose.
A mon sens, les seules personnes qui méritent le mépris, l'insulte (dans le but de blesser, hein, pas d'exciter!), bref les seules personnes qui ne méritent pas mon respect, ce sont celles qui manquent "consciemment" de respect aux autres. Et considérer qu'on a raison sur tout parce qu'on a fait un choix, quel qu'il soit, c'est un manque de respect à l'intelligence même. Les meilleures idées peuvent s'avérer les pires qui soient à partir du moment où on tente de les imposer aux autres. Et débattre jusqu'à persuader, ce n'est pas imposer. Par contre, faire des raccourcis du genre "main posée dans le dos sans consentement explicite = violeur en puissance" ou "mangeur de viande = esclavagiste patenté" ne sont purement et simplement que des tentatives de créer un monde où il y a un "EUX" et un "NOUS"... un bloc de l'est et un bloc de l'ouest, par exemple... Et c'est loin de l'idée du "vivre ensemble avec respect" qui est pourtant prôné par les un(e)s et les autres.
Chacun et chacune verra dans ce texte les propos qu'il(elle) veut. Je sais bien qu'il sera soumis à interprétation, que certaines phrases peuvent et seront utilisées en les sortant de leur contexte, afin de me faire dire ce que je n'ai pas voulu dire... Et je sais même que j'aurais dû développer certains points pour être certain d'être compris. Mais puisque tout le monde y va de sa bien-pensance, je crois qu'il est important de rappeler à tous ces néo-puritain(e)s que certain(e)s pensent "mal" par conviction et emmerdent tous ceux et celles qui leur disent comment respecter les gens, quand ils(elles) en sont eux(elles)-mêmes incapables.